Fantomette  et le Pirate InformatiquE



 

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Coup de théâtre à Framboisy. Depuis deux jours la ville est en effervescence, en proie à un virus inconnu qui a envahi les ordinateurs du collège.

Tout a commencé vendredi matin quand Mme Formule, le professeur de mathématiques de la classe de Françoise a voulu faire une démonstration en se servant de son PC portable  Elle s’est assise à côté de la jeune  Ficelle (prénom de l’amie de Françoise) pour lui faire comprendre ce qu’était un tableau à double entrée, et lui a demandé d’ouvrir le tableau Excel, pièce jointe d’un message électronique.

Françoise suivait la scène d’un œil vague, préférant se remémorer avec nostalgie, son aventure du mois dernier, qui avait conduit Fantômette – son double, justicière  de la nuit – à faire arrêter le "masque d’argent".

Bref. Elle rêvassait.

Elle fut tirée de ses songes par un cri de surprise, se redressa sur sa chaise et tourna la tête vers l’origine du bruit. Sur la table de son amie, une cinquantaine de chiffres étaient entassés pêle-mêle en un ramassis noirâtre. Sur l ‘écran de l’ordinateur persistait simplement un tableau vide, tableau excel qui venait de perdre tout son contenu numérique. Ficelle resta bouche bée devant tous ces numéros qui lui tombaient du ciel et dont elle ne savait que faire. Au cours des cinq secondes qui suivirent, le professeur désemparé, referma brutalement son ordinateur, puis congédia la classe  en actionnant la cloche du bureau, et fila chez le proviseur. La scène avait été si rapide que Françoise crut avoir rêvé.

 

Le phénomène se reproduisit le lendemain avec le professeur de dessin à l’ouverture d’une photo jointe au mail d’invitation au vernissage de l’exposition « Natures mortesimpressionnistes » de la galerie d’art de Framboisy .

 

le vase bleu

 

Le vase contenant les « Fleurs dans un vase bleu » de Paul Cézanne  se renversa instantanément au double clic  et  déversa toute son eau sur les genoux du professeur. La pauvre Madame Pinceau sentit les poils de sa moustache, se redresser tous droits et sortit de la classe en hurlant qu’il y avait un diable dans son ordinateur.

 

 

 

Quand au cours de l’après-midi, le professeur d’anglais  Mister O'Mygod reçut  une flopée de verbes irréguliers délibérément identiques … et celui d’art dramatique se fit éternuer en pleine figure en dézippant  la tirade du nez de Cyrano, le doute ne fut plus permis, il se passait un phénomène surnaturel dans l’école, décréta le proviseur M. Schmoll, complètement affolé.

 

mille pompons c’est la panique à bord en dirait ! " s’écria Françoise, qui ne croyait absolument pas aux mauvais sorts.  Il y a forcément une explication rationnelle à tout çà. il est temps que Fantômette se mêle de résoudre ce mystère. Une fois de plus, elle pressentit que son sens analytique et son courage allait pouvoir venir en aide aux adultes qui manifestement peinaient à  s’en sortir seuls…

 

Elle appela son ami le journaliste Oeil de Lynx, lui proposa d’être le premier à rédiger un papier sur  l’arrestation du pirate informatique qui troublait la petite ville.

Néanmoins, elle se dit que le pirate en question avait une bonne dose l’humour…

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La nuit tombée, Françoise revêtit son costume de justicière masquée – justaucorps, cape et bonnet à pompon – et transformée en  Fantômette, elle s’éclipsa de sa chambre du 13, rue des roses par la fenêtre, préférant emprunter le chemin des toits pour rejoindre la salle de classe en douce. Grâce à son sens de l’orientation hors du commun, elle arriva à destination en moins de dix minutes.

 

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Fantômette débloqua la porte d’entrée  en se servant de l’ouvre-porte que lui avait offert un cambrioleur lors de son arrestation, et s’introduisit dans la salle d’informatique, éclairant ses pas de sa super lampe de poche de la taille d’un morceau de sucre, dissimulée dans sa pochette.. Il était juste minuit à sa montre phosphorescente et elle se dit que le pirate, s’il existait, ne serait plus bien long à arriver.

 

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Une fois de plus, elle avait vu juste. Elle n’eut à attendre qu’une vingtaine de minutes, avant d’entendre la porte de la salle de classe s’ouvrir. Une silhouette noire s’introduisit à pas feutrés dans la pièce et s’avança vers l’ordinateur placé sur le bureau.

L'ombre s’affaira sur le clavier, ses doigts  courant sur les touches pour entrer des formules qui s’allignaient les unes à la suite des autres sur l’écran.

Il était pris la main dans le sac, le scélérat !

 

Fantômette approcha derrière le pirate informatique, comme un chat prêt à fondre sur un canari occupé à picorer innocemment des graines. Dans un silence absolu, elle déroula la ceinture- cordelette qui enserrait sa tunique jaune et la leva, tendue, devant elle.

La corde en s’enroulant autour des épaules du « bandit » fit à peine un ppffttt !! et le priva instantanément de la mobilité de ses bras. Elle fut serrée en un rien de temps au moyen d’un nœud coulant que la jeune fille maîtrisait parfaitement.

L’homme, car c’en était un, émit un simple cri et fut réduit au silence par la pose quasi simultanée, d’un morceau d’adhésif dégainé du revers de la manche de la jeune fille.

 

Fantômette appela son ami Œil de Lynx avec son talkie Walkie, et cinq minutes plus tard, celui-ci avait éclairé la salle afin de faire le cliché de la "une" du journal du lendemain.

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La surprise leur fit arrondir la bouche l’un et l’autre en découvrant l’identité du pirate. Il s’agissait de M. Schmoll le proviseur du collège…. "mille pompons  "On ne peut plus faire confiance à personne  ! " s’écria Fantômette.  Avant de s’éclipser par la fenêtre, elle déposa sur le bureau un billet sur lequel était griffoné  le nom d'un antivirus très efficace. Un dernier clin d'oeil à son ami et elle avait disparu dans la nuit...

 

Lorsque la police arriva, il ne leur resta qu’à embarquer le prisonnier vers le commissariat. L’interrogatoire dévoila que le proviseur allait être renvoyé du collège pour  harcèlement moral envers les professeurs. Certains d’entre eux, les professeurs de dessin, d’informatique, d’anglais et de mathématiques, avaient eu le courage de se plaindre au rectorat. et M. Schmoll avait voulu se venger d’eux.

 

Le lendemain matin, dans la cour du collège, Françoise fit la lecture à haute voix de la une du journal à ses amies Ficelle et Boulotte.

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L’illustration de l’article montrait la jeune justicière, arborant un magnifique sourire, et faisant un clin d’œil complice à l’auteur de l’article phare de la gazette, PierreDupont, alias Œil de Lynx.

 

 

 

Le titre était accrocheur : "Une nouvelle fois Fantômette, l’héroïne au loup noir a mis fin aux agissements coupables d’un psychopathe de la fonction publique, Vive l’aventurière de Framboisy ! "

 

 

* Fantômette est une série de romans pour la jeunesse créée par Georges Chaulet de 1961 à 2011 et publiée en France aux éditions Hachette dans la collection Bibliothèque rose1. La série, mêlant action, humour et fantaisie, a été adaptée à la télévision et en bande dessinée.

Dans le contexte libéral des années 70, le marché monopolisé par les figures masculines n’a alors aucune héroïne à proposer aux enfants, Fantômette va venir combler ce manque absurde et réussir son pari, être une icône pour tous, garçons ou filles.


Héroïne autrement subtile, Fantômette est double : après avoir vaincu les forces du mal grâce à des qualités culturellement complémentaires (humour et gymnastique), elle se réincarne en Françoise, jeune fille normale. .

Fantômette est d’une légèreté extraordinaire, à l’unisson d’un personnage dont les caractères - exploits physiques, intelligence, ironie, goût du déguisement - ont l’élégance noire et rouge d’une figurine de Stendhal. Tout est vif dans Fantômette, grâce à l’astuce narrative qui fait de l’héroïne, en même temps qu’une créature surdouée, une jeune fille sympathique mais détachée de ce monde trop réel ...

 

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