MarTin, tUEuR DE pOULEs...



 martin

 

Ils m’ont surnommé "Martin le tueur de poules". Ils croient que je ne le sais pas, ils disent cela derrière mon dos, avec un air à la fois apeuré et respectueux, pourtant il n’y a pas de quoi avoir peur.

J’ai jamais tué de poules… enfin pas celles dont ils parlent… Les seules qui me donnent envie de leur serrer le cou, sont celles qui promènent leurs plumes dans la grand-rue de la ville proche de mon village, la bouche trop rouge, les yeux trop noirs et trop brillants.

 J’ai un stylet dans la tête, une vis sans fin qui fore un trou dans mes pensées. Elles s’échappent petit à petit et laissent un immense vide dans mon cerveau.

 

Je suis fatigué

 

Depuis combien de temps suis-je là, dans l’obscurité de cette pièce froide, au milieu du vacarme du silence qui m’entoure ?

Elles sont toutes là. Toutes là avec moi, les femmes de ma vie. J’entends leurs voix qui s’époumonnent, je vois leurs yeux qui me jugent, comme elles le font depuis toujours.

 

« Qu’as-tu fait encore, Martin ? » Je peux lire la réprobation dans leur regard courroucé et aguicheur.

 

Et de nouveau, je me sens tellement coupable, tellement faible, tellement rien…

Je ne l’ai pas fait exprès, je le jure, c’est plus fort que moi, c’est de leur faute, elles me provoquent. Elles ne devraient pas, elles devraient savoir qu’il ne faut pas m’approcher de trop près et que je déteste les plumes.

lautrec

 

 

C’est à cause de maman. Maman en mettait tout le      temps autour de son cou avant de sortir le soir. Le matin au réveil, je reniflais sa douce écharpe, alors qu’elle dormait encore.

 

Ça sentait le tabac froid…

 

 

Le mal de tête devient de plus en plus lancinant et envahissant. Et d’un seul coup ce grondement qui vient du tréfonds, qui enfle et me submerge, cette voix que je connais trop bien. C’est sa voix aigüe qui commande mon cerveau, c’est elle qui s’impose. C’est elle qui ordonne. Pourtant il y a deux ans, je l’ai fait taire, elle me transperçait le cœur. Depuis elle se venge et m’envahit de force...sans arrêt.

 

« Pauvre nouille ! immonde vermine ! Arrête de geindre. Il a fallu que tu recommences…Tu mérites encore une punition… »

"TAIS-TOI MAMAN !!! Pardonne-moi ! Pitié, tais-toi et je te promets que j’arrête tout ! "

 

Mais elle n'a jamais su se taire, ni pardonner quoi que ce soit, à commencer par ma naissance;

 

Il est 22 heures…J’ai trop mal de tête…

 

 

IL faut absolument que je sorte.


 

corps allongé