une main sur la joue



Il reste là muet.

Chien de garde inutile

D’une case violée,

Il veille, immobile.

Les yeux écarquillés

La tête sur les genoux

Il guette le danger

Il sent le mal partout.

 

Il ne parle presque plus,

Perclus sur sa détresse,

La main droite sur la joue

En signe de tristesse.

Il a tout entendu.

Les hauts cris des maris

A l’entrée des intrus,

Les cris des petits…

 

Ils ont pris l’insouciance

Et l’amour des familles.

Ils ont violé l’enfance

Dans le corps de Camille…

Il s’est accroupi

Seul, pour guetter les loups,

Il a attendu sans bruit

Une main sur la joue…


Alors il a compris.

La honte du village

Les mères qui s’enfuient

Pour cacher leur outrage,

                                                                               Les hommes humiliés,

Le mépris des maris

Pour ces femmes souillées.

Soudain il a vieilli…



 Agathe C.