LES BARQUES ROUGES



La mer a retiré ses larmes

Le sel a séché sur la grève

Et sur ma peau il a gravé un blanc sillon

Et dans mon cœur un tourbillon

 

Sur le sable un crabe araignée

Cavale en folle diagonale  

Comme s’il suffit de s’essouffler pour rattraper

L’eau qui s’enfuit à l’horizon

 

Il n’y a presque plus de vagues

Il n’y a presque plus de vent

J’écoute le silence et le manque

Ils ne me parlent que de toi

 

            Et puis au loin comme des amants

            Troublés de clair, mouillés de lune

           Deux  barques rouges languissent à marée basse

           

Une roche a paru ce matin 

Elle était cachée sous la mer

Elle est posée là au beau milieu de l’absence

Sa solitude me ressemble

 

Il lui reste si peu de temps

à vivre nue sous le soleil

Bientôt les caresses de jeunes déferlantes

Emporteront son existence

 

Comme les va-et-vient effacent

Séparent les amours lasses  

Les mots du cœur s’évanouissent

Je  guette  encore un signe de toi

 

            Au loin tout près du firmament

             Nouées d’espoir, brouillées de brume

            Deux  barques rouges frémissent à marée basse

 

            Comme moi avant que le temps passe 

            Comme toi avant que l’amour lasse

            Deux barques rouges gémissent  à marée basse


            Deux  barques rouges s’épuisent et puis trépassent


 Deux  barques rouges...

Deux barques rouges...


Agathe C.