ROUGE BAISER



Il faisait tellement chaud dans la plaine odorante

Qu’une brume flottait, opacifiant nos yeux

Ton sourire se couvrait d’une perle luisante

Que je tentais en vain d’ignorer de mon mieux

Il y avait cet arbre il promettait de l’ombre

Couronné de cerises Il paraissait si loin

On aurait pu se dire qu’on était seuls au monde

 Il a suffit d’un rien tu m’as pris par la main

 

Presque rien une seconde un désir une envie

De cueillir pour me plaire de beaux pendants d’oreilles

Des bijoux façonnés comme autant de rubis

Déposés sur les branches décorées de soleil

Tu m’as dit belle dame le rouge te va si bien

J’ai posé comme un calque le fruit rond sur mes lèvres

Ton baiser a goûté la saveur délicate

Pour laisser sur ma peau ciselure d’orfèvre

 

 

Et le rouge baiser a déteint écarlate

Sur nos bouches sanguines devenues mitoyennes

De la chair sucrée il ne restait plus rien

Qu’un noyau voyageur de ta langue à la mienne

Je n’savais pas alors que le cœur des cerises

Pouvait en plein soleil avoir le goût d’aimer

J’ai voulu profiter des folles gourmandises

Et de l’ombre complice offerte en plein été

 

 

On aurait du savoir qu’il nous faudrait bien plus

Qu’un fruit à partager entre deux affamés

On aurait pu mentir ou crier au bonus

Un baiser rouge vif a nos vies emporté

Rêves de romantiques ou espoir d’insensé

Un carpe diem à vivre en toute liberté

Il est resté sur l’écorce nos deux cœurs enlacés

Et juste au pied de l’arbre un noyau enterré

 

Agathe C.