Ils ont dit que j’étais au bout
De mon chemin, mais j’m’en fous.
J’irai pas, là où ils disent que je dois aller.
Ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent,
Sans un cri et sans voix je gueule :
« J’irai pas ! » là où ils veulent m’emmener,
Avec leurs morts encore vivants,
Et ces vivants pas encore morts
Qui attendent leur tour patiemment,
En serrant trop fort leur passeport…
Ils sont qui ces scientifiques qui expliquent,
Avec leurs mots qui compliquent ?
Qu’est-ce qu’ils en savent de mes maux,
De mon moral à zéro ?
De ma gerbe à les entendre
Parler de moi à demi -mots ?
Méta, néo qui peut comprendre ?
Cancer c’est pourtant pas nouveau
Comme mot mais c’est mortel.
Et pas mortel accidentel…
J’irai pas dans leur lit.
J’ veux rester là et conjuguer ma vie
Au futur proche, sans artifice,
Sans l’aide de leurs soins palliatifs.
Je suis présent, je suis vivant,
Même si j’ai l’air de faire semblant.
Pourtant, j’suis déjà mort de peur
J’ai peur du noir, de la douleur,
J’ai peur du silence et du froid,
Du temps qui passera sans moi…
SOS ! Y’ a un contrat sur ma tête !
La grande prêtresse me guette,
Elle traque la moindre de mes faiblesses.
Peut-être que si je ferme les rideaux,
Elle ne verra pas ma détresse,
Elle oubliera le cancer de ma peau ?
Toi là-haut si jamais tu existes,
Pour une fois j’ai envie d’y croire,
Fabrique une potion d’alchimiste
Et fais lui perdre la mémoire…
L’éternité c’est bien trop long pour moi
J’veux pas y aller... et J’irai pas….
Agathe C.