l'ÂME DE FOND



A vous la muse

De mes non-dits,

De ma vie l’envie,

De mes nuits l’intruse…

 

Fut-il effluves plus enivrés

Que nos instants hors du temps ?

De ces moments en suspens

Je me suis exalté.

Je n’eus d’ivresse plus insensée

Qu’à boire jusqu’à la lie

L’élixir de nos interdits,

Et je m’en suis grisé.

 

Lorsque dans la nasse tressée

De vos cheveux de lin,

     Oriflammes au vent marin

Je me suis emmêlé,

Repu d’étreintes au goût salé,

Je voguai ruisselant

Au fil d’un amour impatient

D’être votre seul trophée.

 

Vos yeux furent ma prison. 

Il n’y eut je le jure,

D abysses plus obscurs

Pour noyer  ma raison.

Surgit alors la déferlante. 

Elle m’emporta échevelé,

Tel un derviche essoufflé 

De nos danses démentes. 

 

Je perdis ma voix à vous chanter,

Soliste muet d’un requiem,

Tant l’agonie mouillée et blême

Me submergeait.

La plage fut ma dernière escale

Déposé sur le sable miel

Ecartelé, ventre au ciel,

Gisant de caresses fatales.

 

Si dès lors je succombe

Seul dans votre sillage,

J’emporte dans ma tombe

Le souvenir de nos voyages.

Amour, unique destinée,

Je trace ma vie à vos pieds

Sans le moindre regret

De vous avoir aimé…


Agathe C.