JE BOIS


J’ai encore trop bu.

Sur cette journée sans toi, sur ces heures, ces minutes qui égrènent ma solitude,

Sur la vie qui choisit d’aimer les autres et laisse mon cœur aride de bonheur,

Sur ce monde qui se fout des écorchés, des mal-aimés, des mal-baisés,

Qui fait semblant de tout, semblant de rien,

Et sur moi, qui fait semblant de ne pas savoir que je ne suis rien du tout.

Je ne suis plus rien du tout sans toi.

 

 

Alors je bois…Mais je n’ai soif que de toi mon amour…

 

Je bois le soir, le matin, la nuit à la santé des moins que rien,

Des laissés pour compte d’un bonheur, qui a bien trop à faire avec Charles-Henri

Pour donner à Habib aussi,

A ce chien à trois pattes qui attend une caresse qui ne viendra plus.

Il n’y a personne….  Et puis il pleut.

Je bois aux naufragés sans famille, qui laissent passer la bouée

Pour ne pas débarquer sur un quai froid et désert.

 

 

Oui je bois … Mais je n’ai soif que de toi mon amour…

 

J’ai mal au cœur.il est trop à l’étroit en moi.

Trop serré dans un corps qui n’intéresse plus ni moi, ni l’autre.

L’autre,  c’était toi.

Des litres d’alcool se déversent dans mes veines poreuses

Comme des torrents de souvenirs embourbés.

Pourquoi ce déluge qui me noie en dedans ?

Je suis mal dans mon cœur.

 

C’est vrai, je bois… Mais je n’ai soif que de toi mon amour…

 

Je vomis ces trop-dits qui ont tué d’une larme fatale,

Un bonheur qu’on croyait immortel.

Je gerbe nos éclats de rire et le rouge de nos joues,

Nos cheveux en bataille, l’oreiller renversé.

Je ne retiens que l’enfer du départ,

Que ce mot sur la porte, que l’à peine au revoir. 

Et je bois au crime parfait maquillé en suicide.

 

Pourtant je n’avais soif que de toi mon amour….



 Agathe C.